• Le mariage de la carpe et du lapin

    LE MARIAGE DE LA CARPE ET DU LAPIN

    Le mariage de la carpe et du lapinD’un point de vue biologique, l’union entre un poisson et un mammifère est impossible, contre nature, donc voué à l’échec. Ramené à l’Homme, l’union de la carpe et du lapin est une métaphore pour un couple composé d’un noble et d’une roturière ; incongru. Bref, c’est l’histoire de la F1 aux Etats-Unis.

    Le sport automobile s’est historiquement développé par l’opposition de deux modèles, de deux mondes, de deux cultures ; d’un côté l’Europe, de l’autre les Etats-Unis. Rarement ces deux mondes se sont rencontrés. Chacun pensait détenir LA vérité philosophique du sport automobile. La F1 est par essence élitiste, domaine réservé à la guerre entre ingénieurs, entre marques. C’est son histoire, c’est son ADN.

    Les différences entre les sports automobiles américains et européens sont abyssales. C’est l’achoppement de deux cultures antinomiques. Le sport américain est à l’image de l’Amérique, de sa culture. Il est facile, efficace, tourné vers le divertissement. La compétition automobile américaine est toute orientée vers le spectacle et le consommateur de divertissement qu’est le fan de sport lambda yankee. La technique est portion congrue, elle n’est là que pour servir le spectacle. La technique, c’est complexe, rébarbatif, le fan américain ne peut que repousser cette barbarie. Cette philosophie trouve son aboutissement le plus parfait avec la Nascar. Le fan américain se presse, s’entasse dans de véritables stades, devenus églises de divertissements, pour voir tourner des voitures sur un ovale. Main droite dans le pop-corn tandis que la gauche empoigne fébrilement un coca, le gros moustachu au stetson attend haletant le « Big One ».

    Il en va bien différemment en Europe. La technique est sacro-sainte. La guerre des cerveaux est érigée en totem de la compétition. Les mégas cerveaux des ingénieurs planchent des heures, engloutissant des sommes astronomiques pour accoucher dans la douleur d’un détail capable de faire gagner un battement de cil… Le sport automobile européen est élitiste ; élitiste de par sa complexité technique, élitiste de par son organisation. La F1 est pensée toute entière autour de la divinité VIP, populaire égale vulgaire. Les écuries ne jurent plus que par les nouveaux riches tombés à la naissance dans le baril de pétrole. Le pilote de F1 est quant à lui érigé une vedette, artificiellement starisé, rendu inaccessible, car l’inaccessible fait rêver.

    Nous voyons donc bien que cette tentative d’accouplement ne peut que se solder par un monstre bâtard, à la durée de vie forcément limitée. Jamais la F1 n’a pu perdurer sur le sol américain. Le public américain rejette cette greffe, incompatibilité philosophique. Sur le sol de l’Oncle Sam, je pense sincèrement que la F1, caricature du sport automobile à l’européenne dans tout ce qu’elle peut représenter de détestable pour les américains y est vouée à l’échec. Le mariage de la carpe et du lapin vous dis-je…

    Paul Huertas

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