• Le mérite console de tout

    F1 « LE MERITE CONSOLE DE TOUT »

     

    Le mérite console de tout

     

    C’est la ritournelle de la fin de saison en F1. Qui mérite le plus le titre de champion ? Chaque curé prêche pour sa paroisse, se retranchant derrière ses reliques. Le clergé ferrariste, le pape Domenicali en tête, nous serine depuis bien longtemps que Fernando mérite plus le tire. Les rouges réitèrent ce refrain depuis qu’ils ont compris que le titre ne serait pas leur ! Le tout ressemble furieusement à une manœuvre peu sportive de dénigrement de l’adversaire, peu classe, mais pas vraiment surprenante tant les rouges nous ont habitués à pire. Il en va de même pour Alonso, qui à force de répéter sur le ton de la méthode Coué qu’il croyait au titre, que tout était possible avait fini par nous convaincre du contraire !

    Cette question du « mérite » agite également les débats entre les Schumix à longueurs de colonnes « lol ». Mais au fait, « mérite » ça veut dire quoi ? Le mot vient du latin « meritum » désignant notamment ce dont on est digne. Le mérite est ce qui rend une personne digne d'estime, d'éloge, de considération ou de récompense au regard de sa conduite ou des obstacles surmontés. Le mérite peut résulter de diverses qualités morales, intellectuelles ou physiques : l'habileté, le talent, le courage, l'effort fourni, la prise de risque, la responsabilité, l'innovation... Le mérite implique un effort pour franchir des difficultés et renvoie surtout à une force morale. On voit ici que tous les paramètres entrant en ligne de compte pour juger le mérite appellent à une certaine subjectivité. A ce petit jeu, chaque fidèle défendra sa chapelle, Vettel ou Alonso.

    L’argument le plus usité pour vanter le mérite d’Alonso est l’infériorité de sa monture. C’est oublier que le sport auto est un sport impliquant une machine, fruit du travail d’une équipe. De tout temps l’homme et la machine furent indissociables. Les débats sur le mérite des pilotes au volant de voitures inférieures devraient sembler abscons. Il n’empêche qu’ils enflamment. Par essence, le sport auto n’est pas un sport ou la différence se fait sur la valeur intrinsèque de l’athlète. Il en est donc que plus cruel et frustrant pour les pilotes. Le sport auto pourrait même être antinomique avec la notion de mérite personnel du pilote. Le facteur machine trouble en effet tout jugement sur la valeur réelle d’un pilote. On retombe donc sur la dimension subjective que revêt « le mérite » du pilote. La compétition auto ne sera jamais un 100 mètres olympique lors d’une chaude soirée d’été.

    Désormais la communication de Ferrari, digne des meilleurs spin-doctors politiques tourne autour du valeureux soldat s’étant battu corps et âme, chargeant à cheval contre l’artillerie lourde avec pour seule armure son courage et sa volonté. Il est plutôt cocasse de noter au passage, que l’entreprise de valorisation du soldat Alonso a pour effet direct de dévaloriser sa monture ! Il est vrai que l’abnégation dont a fait preuve l’asturien force l’admiration et relève de la leçon sportive, et au-delà, de la leçon humaine. Cette défaite valeureuse de l’espagnol nous raconte une histoire romantique qui séduit. Histoire de la « glorieuse défaite », de la mort armes à la main sans jamais abdiquer. Quant à Alonso il a un long hiver pour se plonger dans Montesquieu. Au détour d’une page il y trouvera cette ligne « Le mérite console de tout. »

    Paul Huertas

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